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Créativité et enseignement (2)

7 bonnes raisons  de former les enseignants à la créativité pour une école inclusive

« C’est (…) avec l’éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants  pour ne pas les rejeter de notre monde, ni les abandonner à eux-mêmes, ni leur enlever leur chance d’entreprendre quelque chose de neuf, quelque chose que nous n’avions pas prévu, mais de les préparer à la tâche de renouveler un monde commun. » (Hannah Arendt, La crise de la culture, 1954)

 

 

Résumé

Considérée comme une ressource utile au développement personnel, professionnel et aux transformations sociétales, la créativité est aptitude naturelle. Possédée par tous, elle est particulièrement utile à développer et à enseigner dans la perspective d’une école toujours plus inclusive, pour une société inclusive, qui fait sa place à la richesse de la différence et ose en considérer les difficultés, jusqu’à faire de cette attitude une philosophie et une éthique.

Or, à l’école, qui mieux que les enseignants et les différents intervenants peuvent enseigner la créativité ? Encore faut-il qu’ils soient eux-mêmes conscients de cette nécessité et formés à la favoriser.

 

Introduction

Le Bulletin Officiel n°17 du 23 avril 2015, qui récapitule le Socle commun de connaissances et de compétences, mentionne à travers les 5 domaines du socle, dans une logique de transversalité, « le développement du potentiel créatif" de l'élève.

Le domaine 2 en particulier met l’accent sur ce qui permet d’outiller les élèves pour leurs  apprentissages, seuls ou en coopération,  et la formation tout au long de la vie. Il est préconisé de pratiquer un enseignement explicite des méthodes, « en situation, dans tous les enseignements et espaces de la vie scolaire. »

Il s’agit donc, comme le souligne B. Dubois, en cohérence avec les programmes des différents cycles, de permettre à tous les élèves, sans exclusive, de pratiquer des activités et des démarches de résolution de problème, de raisonnement, de mise en projets, sans oublier la nécessaire coopération entre les élèves et la maîtrise des outils numériques à leur niveau.

Or il se trouve que ces activités ou ces attitudes recoupent et nécessitent largement des aptitudes constitutives d’une disposition naturelle humaine plus large, la créativité. L’enseignant est à même de soutenir le développement et l’expression de cette disposition s’il en possède quelques clés d’accès.

 

Nous postulons donc ici qu’un enseignement explicite de la créativité par la créativité peut donner toutes ses chances à une école inclusive, et ainsi à l’école et ses acteurs dans leur ensemble.

 

De quelle créativité parlons-nous ? contexte et cadre théorique

 

Décrite dès les années 50 par des chercheurs en psychologie comme Carl Rogers, la créativité se définit comme la capacité de produire un travail à la fois novateur (c’est-à-dire original, inattendu) et approprié (c’est-à-dire utile, en lien avec les contraintes de la tâche) (Stenberg, 1999). Elle consiste à produire des idées nouvelles, utiles, concrètes et réalisables pour résoudre un problème identifié, qui puissent être concrètement mises en œuvre dans les espaces personnels, publics ou encore dans les organisations. (Caron-Fasan et Bardot, 2018).

 

Selon l’approche multivariée de Todd Lubart, la créativité dépend de facteurs :

-          Cognitifs

-          Conatifs

-          Émotionnels

-          environnementaux

qui se combinent entre eux pour agir sur le potentiel créatif qui permet une production créatrice dans les arts, les sciences et tous les domaines de la vie quotidienne. (Lubart, 2009),

 

La créativité est donc cette aptitude humaine à se plonger dans un espace inconnu pour mettre en œuvre un raisonnement permettant de créer quelque chose de nouveau, pour celui qui le produit.

 

Elle est dans ce sens une compétence à mobiliser efficacement des savoirs, des aptitudes et des dispositions personnelles, sociales ou procédurales, dans des situations de travail ou d’études et pour le développement professionnel ou personnel (Dethier, 2016).

 

Il n’existe pas d’individu non créatif mais des préférences créatives (Puccio, 2018) qui s’exercent dans un processus identifié par la psychologie cognitive (Lubart, 2009). Si elle est une compétence ou une capacité transversale en lien avec les apprentissages,  alors la créativité s’entraîne, s’éduque, s’enseigne (Capron-Puozzo,  2014).

On identifie au moins deux grands axes pour enseigner la créativité :

-          le premier est le plus spontané : en enseignant de manière créative, on peut compter que par imprégnation et imitation les élèves deviendront plus créatifs, mais cet apprentissage implicite pour nécessaire qu’il soit n’est pas suffisant.

-          le second est celui que nous abordons ici : en enseignant la créativité et les techniques et postures qui stimulent et permettent la créativité, on maintient ou réveille le potentiel créatif naturel de chacun. Il s’agit de proposer aux enseignants comme aux élèves des outils et des situations leur permettant de travailler ce potentiel, de manière consciente et réflexive.

 

Comme toute compétence, la créativité se décline en connaissances, attitudes et savoir-faire identifiés et utiles dans le cadre professionnel, par exemple en vue du travail en équipe (Dethier, 2016 ; Caron-Fasan, 2018).

On peut les regrouper en 4 grandes familles de compétences sociales transversales (« soft skills ») :

- la connaissance de soi ;

- le « mindset » créatif ;

- la possession d’expertise ;

- l’intelligence collective.

Des outils et des méthodes sont propres à révéler et travailler ces différents aspects qui permettent l'expression et le développement de la créativité comme la démarche Creative Problem Solving (Osborn & Parnes, 1960 ; Puccio, 2012).

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